Regards sur l'Inde. Au cœur du Nagaland
- joel cadiou
- 11 juin 2017
- 2 min de lecture
Dernière mise à jour : 26 févr.
Exposition à la mairie du 6e arrondissement de Paris
place Saint-Sulpice
au 78,rue Bonaparte.
Du 2 au 22 juin 2017
de 10:30 à17h. Samedi de 10:30 à midi. Dimanche fermé.

Mon aventure a commencé après deux années de demandes refusées auprès du gouvernement indien.
Déterminé à ne pas abandonner, c'est lors de ma troisième tentative, à Delhi, que je me suis rendu à la Nagaland House. Là, dans une pièce au mobilier austère, j'ai rencontré un officier à qui j'ai expliqué mon désir de réaliser un travail photographique sur les tribus Naga. Son regard, d'abord fermé, s'est adouci à mesure que je racontais ma vie de photographe, mes voyages, mes motivations profondes. J'ai sorti mon portfolio, dévoilant des clichés réalisés en Inde, espérant que mes images parleraient là où les mots peinaient.
Après un long silence, il m'a finalement confié qu'il ne pouvait pas délivrer de permis à un voyageur solitaire ; il fallait appartenir à un groupe encadré par des officiels. Pourtant, touché par ma démarche, il a accepté de soumettre une demande exceptionnelle.
"Si c'est accepté, je vous appellerai dans la journée. Revenez avant la fermeture de l'administration", m'a-t-il lancé, presque en guise de défi.
Les heures qui ont suivi furent d'une lenteur insoutenable. Puis, à 15 heures précises, mon téléphone a vibré : "Venez vite, votre permis est prêt." L'adrénaline a pris le relais. J'ai sauté dans un tuktuk, filant à toute allure à travers le chaos vibrant de Delhi. Le vent chaud giflait mon visage, les klaxons résonnaient comme une course contre la montre. À bout de souffle, j'ai franchi les portes de l'administration juste avant la fermeture, le cœur battant. Le précieux sésame en main, j'ai acheté un billet d'avion pour le Nagaland sans perdre une seconde.
À mon arrivée à Kohima, la capitale, le destin a de nouveau joué sa carte. À la sortie de l'aéroport, une femme indienne m'a interpellé, curieuse de savoir ce que je faisais seul dans cette région reculée. Intriguée par mon histoire, elle m'a proposé d'attendre son mari, un fonctionnaire du gouvernement. À son arrivée, nous avons échangé quelques mots, qui se sont transformés en une conversation passionnée de vingt minutes. Il m'a ensuite offert de m'accompagner en voiture jusqu'à un hôtel, et le lendemain matin, il m'a invité à prendre le petit-déjeuner chez lui, envoyant même un chauffeur pour venir me chercher.
Ce petit-déjeuner a été bien plus qu'un simple repas. Autour d'une tasse de thé fumant, il m'a mis en contact avec M. Ching Wang, officier des forêts et petit-fils du roi du Nagaland. Cette rencontre a marqué un tournant décisif. Grâce à M. Wang, véritable mémoire vivante de la région, j'ai pu explorer des villages perchés sur des crêtes vertigineuses, traverser des forêts denses et partir à la rencontre de tribus dont les traditions semblaient suspendues dans le temps.
C'est ainsi que tout mon travail photographique a véritablement commencé. Pendant sept ans, j'ai répété ces voyages, à raison de deux fois par an, documentant des visages, des paysages et des traditions. En plus de mon travail artistique, j'ai également réalisé des portraits d'habitants de plusieurs villages pour M. Wang, contribuant à un inventaire visuel précieux de cette région unique.
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